Suite du billet : Préparation de l'environnement
ATTITUDE DE L'EDUCATEUR
Pour cette série de billets sur les débuts avec la pédagogie Montessori, il m'a semblé important de traiter cette question de notre attitude face à l'enfant.
En effet, prendre soin de l'ambiance, favoriser l'autonomie de l'enfant, lui proposer des activités stimulantes et adaptées, ne sont que des moyens, aussi essentiels soient-ils... C'est bien la justesse de notre attitude, en tant qu'éducateur, qui donne sens à toutes ces étapes de préparation.
1. Offrir l'ordre à l'enfant
La période sensible de l'ordre est extrêmement forte entre 0 et 2 ans (et dure bien au-delà !), et ce besoin fondamental se manifeste à tous niveaux.
Il nous faut respecter profondément cette attente de l'enfant, en lui offrant beaucoup de constance dans sa vie, dans ses rythmes (importance des rituels), mais aussi au niveau des personnes qui s'occupent de lui.
Tout cela lui permet de construire son ordre intérieur, une confiance en lui et une stabilité qui le serviront sa vie durant.
2. Placer l'enfant au coeur de la vie
Tous les enfants cherchent, de façon très spontanée, à participer à la vie quotidienne qui se joue autour d'eux. Il s'agit d'un moyen, naturel et bien légitime, de comprendre le monde et d'y prendre une part active !
Pour respecter et encourager cela, nous pouvons nous mettre à leur écoute et accueillir leurs initiatives avec bienveillance.
Dès son plus jeune âge (18 mois, peut-être), un enfant peut être impliqué dans les tâches quotidiennes : aider à la préparation des repas (prévoir un petit plan de travail à sa hauteur, et des ustensiles à sa taille), laver et étendre le linge, faire le ménage... tout cela à nos côtés.
Il en sera très fier !
Avant cet âge (et après...), un bébé sera heureux d'être porté - dans une écharpe, par exemple - et d'observer ainsi, à bonne hauteur, la vie de tous les jours.
3. Se mettre au niveau de l'enfant
De manière générale, lorsque nous montrons à un enfant une façon de procéder (cela est valable pour tout), il convient de le faire très très lentement... le plus lentement possible, avec douceur et patience, en se mettant à son niveau et en décortiquant bien chaque geste.
Les enfants apprennent avant tout par imitation, mais le monde va très (trop) vite pour eux ! Se mettre au rythme d'un enfant, c'est accepter de ralentir...
Ensuite, le laisser s'entraîner, tout le temps nécessaire, ce qui signifie aussi accepter qu'il "se trompe" ou commette des maladresses, et accueillir sa frustration.
4. Respecter le travail de l'enfant
Manifester du respect pour un enfant, cela passe beaucoup - à son niveau - par le fait de ne pas interrompre son activité, quelle qu'elle soit (car ce n'est pas à nous de juger de son importance...).
Bien sûr, il est des impératifs et des obligations qui ne nous laissent pas le choix ; dans ces cas-là et dans la mesure du possible, il faut essayer de prévenir l'enfant suffisamment à l'avance qu'il va devoir arrêter son activité.
Ensuite vient une étape que je trouve plus délicate à franchir en tant que parent, sans doute parce que la plupart d'entre nous n'a pas eu la chance de connaître cette forme de respect étant enfant, et que cela nous demande un réel travail sur nous-mêmes de nous détacher de ce "modèle"...
En général, les parents comprennent aisément qu'il ne faut pas punir un enfant - ou bien se moquer de lui - s'il ne réussit pas parfaitement quelque chose.
Il faut aller plus loin en bannissant également les félicitations et les encouragements trop appuyés...
L'enfant travaille pour lui-même, pour la satisfaction de son besoin intérieur.
Un enfant qui cherche l'approbation dans le regard de l'adulte est en quelque sorte "brouillé" avec sa volonté et la force vitale de son développement qui devraient, seules, le guider.
Cela n'empêche pas de rester spontané, bien sûr ! Mais les bravos à outrance n'aident pas un enfant... Mieux vaut décrire ce que l'on voit "Tu as versé l'eau sans en mettre une goutte à côté", ou bien ne rien dire, et observer la fierté dans ses yeux.
La juste place de l'éducateur se situe quelque part entre le retrait et la disponibilité...
Il est, je crois, assez évident qu'il ne faut jamais obliger l'enfant à une activité.
Nous pouvons être moteurs, parfois, avoir une force de proposition si nous jugeons cela nécessaire, mais surtout ne jamais rien imposer.
De la même manière, il est inutile de devancer une éventuelle demande de l'enfant en cherchant à l'aider s'il n'en émet pas le souhait.
Tout un apprentissage et tout un programme, auxquels il convient d'ajouter le droit d'être imparfaits, car c'est comme cela, aussi, que nos enfants apprennent la vie...
A suivre : "Proposition d'activités"...
"bannir les félicitations et encouragements trop appuyés"
RépondreSupprimerNous réfléchissons à ça...Ce n'est pas évident de trouver le ton juste. Entre l'émerveillement, genre "nous sommes si fière de toi" et plus de cohérence et d'autonomie pour lui "tu dois être heureux d'avoir réussi"...pas facile!
Bon, nous réfléchissons à tout ça...
Isa
J'aime beaucoup cet article car bien souvent je me pose des questions: "que vais je faire de toutes cette théorie, de ce matériel"? Par où commencer? Comment être la plus logique et la plus fluide possible dans ce que je lui propose?
Tout cela m'effraie un peu alors j'y vais lentement.
Donc, je lis ton article et me nourris de ton expérience avec intérêt. Merci.
Anonyme: isa
RépondreSupprimerBonsoir Isa,
RépondreSupprimerSur ce point, nous sommes donc dans la même réflexion. ;-)
Je ne vais sans doute pas t'aider en te répondant cela, mais je crois que l'équilibre est délicat à trouver, et que c'est à chacun d'entre nous de découvrir le sien...
Je crois vraiment que les félicitations répétées, un peu "systématisées" sont néfastes, et qu'il est important d'en prendre conscience ; mais je pense aussi que rester spontané et sincère est essentiel. ;-)
Ceci dit, nos enfants savent très bien lire les sentiments sur nos visages...
Je dis très souvent aux miens que je suis fière d'eux, mais plutôt aux moments câlins, entre autres mots d'amour. ;-)
Bonne réflexion !
Au plaisir de te lire à nouveau,
Aude
merci pour ce rappel montessori, j'en avais besoin... et très joli blog ! A très bientôt
RépondreSupprimerChenillePapillon, merci pour tes gentils mots et bienvenue par ici ! :-)
RépondreSupprimer"il faut aller plus loin en bannissant également les félicitations et les encouragements trop appuyés..."
RépondreSupprimerPour moi aussi, ce point là est assez difficile à mettre en pratique. J'ai toujours été dans les encouragements (sans forcément en faire trop) mais j'ai très souvent souligné que j'étais fière du travail accompli, de l'effort fourni... et c'est une habitude difficile à me faire passer et aussi vis à vis des enfants, ils ont tellement l'habitude de m'entendre leur dire un petit compliment que quand je n'en dit, ils attendent, comme si j'avais oublié quelque chose...
Merci pour tous ces rappels montessoriens!
A bientôt.
Pamela, je pense que tu comprends que le risque c'est que cela fausse en partie la recherche, chez l'enfant, d'un travail qui le construise et le serve dans son développement, ce que lui seul peut réellement trouver.
RépondreSupprimerLe problème des félicitations, c'est qu'elles sont très addictives ! ;-)
Je ferais le parallèle avec les récompenses (et leur pendant : les punitions). Le risque en utilisant ces moyens - efficaces, malheureusement - est que l'enfant agisse pour obtenir (ou éviter) une certaine réaction de la part de l'adulte, non parce qu'il en a un désir profond et "sain". ;-)