16 avril 2012

Vive les vacances en classe !

Pas d'autre programme, des enfants motivés... Nous avons encore passé un peu de temps dans la classe aujourd'hui.

Alexandre est venu avec nous cette fois.
Depuis quelques mois, il va régulièrement au Nido avec Eve : sans aucun doute la meilleure préparation possible à ce qu'il vivra désormais dans la classe des 3-6 ans.

Pendant que je l'aidais à se mettre au travail, Emma a commencé par l'activité de transvasement à la petite pipette :


Alexandre s'est finalement fixé sur l'activité "transvaser à la petite cuillère" :




J'avais annoncé à Emma qu'elle pourrait commencer la première dictée muette aujourd'hui, et elle piaffait d'impatience !



Explosion de joie et de fierté !

Le travail du jour

Pendant ce temps, Alexandre s'est longuement absorbé dans le versé de l'eau :



Puis il a repris le cadre de la jupe :


S'en est suivi une petite pause pendant laquelle Emma a consciencieusement nettoyé la bassine du "laver les mains", sous le regard captivé de son petit frère :

Plaisir de faire mousser, encore et encore !

Le plus joli moment de concentration du jour a eu lieu ensuite, lorsqu'Alexandre a choisi d'enfiler des perles :





Pendant ce temps, Emma installait les barres rouges et bleues :




Association avec les chiffres de 1 à 5

Qui a dit que les enfants étaient malheureux à l'école ? ;-)

15 avril 2012

Eloge de la lenteur


Observons un enfant totalement absorbé dans son travail : il est calme, imperturbable, concentré dans un objectif de maîtrise ou de perfection. Il éduque sa volonté. Sa main travaille à la construction de son intelligence. Il est connecté avec son besoin profond. Ses gestes sont harmonieux, lents, mesurés.
L'enfant n'a pas conscience de ce qu'il construit en lui à ce moment, mais il ressent plaisir, sérénité et apaisement.
Une extraordinaire paix intérieure.

Observons cet enfant, et comprenons ce qu'il nous demande.

Respecter le travail et le rythme de l'enfant, c'est accepter de renoncer à notre ascendance sur lui. C'est abdiquer toute notion de supériorité. Cela ne va pas sans bienveillance, ni sans une immense confiance.

"L'adulte envisage le but extérieur de ses actes ; il a réglé sa vie par une sorte de constitution mentale : il s'agit pour lui d'atteindre au but par l'action la plus directe, c'est-à-dire dans le minimum de temps possible. En voyant les efforts de l'enfant pour exécuter une action souvent inutile ou futile et que l'adulte pourrait accomplir en un instant et avec bien plus de perfection, il est tenté de l'aider, interrompant ainsi un travail qui le gêne.
[...]
Si l'enfant essaye de se coiffer, l'adulte sent sa constitution attaquée ; au lieu d'être saisi d'admiration devant cette tentative, il voit seulement que l'enfant ne se peigne ni bien ni vite, et n'atteindra jamais son but. Alors l'enfant, qui est en train d'accomplir avec délices cet acte constructeur de sa propre personnalité, voit l'adulte, cet être haut comme le plafond, puissant au-delà de toutes limites, contre qui on ne peut lutter, venir à lui, lui enlever le peigne des mains, lui disant qu'il va le coiffer lui-même.
Et il en est de même quand le petit enfant va se donner du mal pour s'habiller ou pour lacer ses souliers. Chaque tentative est brisée. L'adulte est irrité, non seulement parce que l'enfant essaye en vain d'accomplir un geste, mais il est irrité par son rythme, par sa façon de se mouvoir, différente de la sienne.
Or le rythme n'est pas comme une opinion que l'on abandonne quand elle est surannée ou que l'on adopte quand elle est nuovelle : le rythme fait partie intégrale de l'individu ; c'est un caractère qui lui est propre, au même titre que la forme de son corps. Si le rythme est en harmonie avec le corps, l'individu ne peut en changer sans souffrance
."
Maria Montessori, L'enfant

Le rythme est constitutif de l'individu.
La lenteur est donc relative.

Nous, adultes, effectuons souvent nos tâches mécaniquement, dans un souci d'efficacité et sans plaisir.
Or c'est en étant, au contraire, pleinement connectés au présent, en agissant en conscience, que nous pouvons
(re)trouver le rythme qui nous harmonise.

"Ce n'est pas le futur qu'il faut redouter, mais l'instant qu'on laisse fuir dans le présent.
Il suffit pour cela de développer sa faculté d'attention et de rejeter toute pensée parasite. L'activité du moment doit être la seule qui compte. Agissez lentement en vous concentrant sur "ici" et "maintenant". Etre capable de changer la qualité d'un moment est un des dons les plus précieux. De même que chacune de nos cellules contient les gênes de toutes les autres, un moment est le reflet de tous les autres moments
."
Dominique Loreau, L'art de la simplicité

Agir en conscience, nous connecter à nos sensations, c'est ressentir le poids du pichet, le froid de la porcelaine et la cassure du poignet lorsque nous versons, la densité du fruit que nous coupons, la porosité de l'éponge que nous essorons, la résistance du tube que nous pressons...

Lorsqu'un enfant nous observe, mais aussi pour nous-mêmes, mesurons nos gestes, vivons-les pleinement. La lenteur, c'est-à-dire le juste rythme, s'incarnera dans nos mains.

12 avril 2012

Une séance particulière

Vous le savez si vous suivez nos aventures, je suis l'éducatrice des 3-6 ans à l'Ecole Montessori d'Angers. Emma, 4 ans et demi, est donc dans ma classe.
C'est parfois un peu difficile pour elle d'accepter que sa maman travaille avec d'autres enfants, les écoute, les console...
Elle le formule d'ailleurs très clairement, certains soirs où nous rentrons toutes deux épuisées d'avoir "lutté" pour nous comprendre : "J'ai fait n'importe quoi aujourd'hui parce que je suis triste quand tu t'occupes des autres enfants." ...
Alors nous cherchons des solutions.
En classe, elle peut venir auprès de moi autant qu'elle le souhaite, mes bras et mes genoux se libèrent toujours pour elle, je valorise beaucoup ses efforts et temporise mes exigences à son égard.
A la maison, je lui consacre autant de temps d'exclusivité que possible et l'écoute énormément.
Et puis, pendant ces vacances, pour la première fois, je lui propose de petites séances de travail à l'école, rien que nous deux. Un peu réticente au départ, elle a finalement accepté et ce que je retiendrai de notre séance d'hier, c'est le sourire qui a illuminé son visage durant une heure et demie !

En ce moment, Emma se passionne pour les activités de Langage. Elle mémorise de mieux en mieux les lettres, adore toutes les activités qui font travailler la conscience phonologique et... rêve des dictées muettes !

Travail sur le premier son des mots

Auto-correction

Note : Oui, je sais, il faut que je refasse ma ligne... ;-)


J'entends ou je n'entends pas "a"

J'entends ou je n'entends pas "o"

J'entends ou je n'entends pas "u"


Après ce beau travail et une rapide révision des chiffres, j'ai présenté à Emma l'activité du versé dans des petits verres :

Une belle concentration !



Emma a longtemps buté sur le cube du binôme avant que, finalement, le déclic ne se produise. Par la suite, les trinômes algébrique et hiérarchique n'ont pas posé problème. Aujourd'hui, ils font même partie des matériels qu'elle préfère !

Construction du binôme hors de la boîte



Une inversion en début de trinôme hiérarchique...

... qui finalement ne lui pose pas problème



Pour finir cette jolie séance, Emma a choisi de travailler l'une des nomenclatures sur les légumes :


Nous avons conclu par une leçon en trois temps.


A la rentrée de ces vacances, c'est Alexandre qui commencera son intégration dans ma classe : une nouvelle étape, et non des moindres !

11 avril 2012

Peintures et détails

Mon petit plaisir de vacances : publier quelques billets sur ce blog ! (que j'aime, que je délaisse...)

J'ai créé pour Emma, il y a quelques temps déjà, une activité "focus sur des tableaux célèbres".
L'objectif est d'associer une peinture (choisie dans notre collection) à un détail agrandi de celle-ci.


Et ce n'est pas si simple !
Lorsque toutes les cartes sont étalées sur la table, dans le mauvais sens parfois, une observation longue et minutieuse est nécessaire pour les apparier correctement.
C'est pourquoi je recommande de ne proposer dans un premier temps qu'un petit nombre de cartes (4 ou 5 paires).


L'auto-correction se fait en retournant les cartes. La position des pastilles de couleurs permet de vérifier si le sens est le bon :


Cette activité est téléchargeable ICI.

Voici les références, dans l'ordre :

1. Le chemin de fer, gare Saint-Lazare - Edouard Manet (1872-1873)
2. Gitane à l'enfant - Amedeo Modigliani (1918)
3. Femme à la veste verte - August Macke (1913)
4. Vénus à son miroir - Diego Velasquez (vers 1644-1648)
5. Le déjeuner - François Boucher (1739)
6. Portrait de la Marquise de Pompadour - François Boucher (1759)
7. Le tricheur à l'as de trèfle - Georges de La Tour (vers 1632)
8. Un dimanche après-midi à l'île de la Grande Jatte - Georges Seurat (1884-1886)
9. Le baiser - Gustav Klimt (1908)
10. Les ambassadeurs - Hans Holbein le Jeune (1533)

Je profite de ce billet pour vous parler d'une collection de livres que nous adorons ici : Ouvre l'Art chez Milan Jeunesse.

"Que cachent ces taches ?" de Stéphane Frattini

Dans ces ouvrages, selon l'excellent concept développé avec la collection "Ouvre l'oeil", l'auteur nous pose des devinettes sous forme de zooms, puis nous invite à trouver les réponses en soulevant les volets.

Etre acteur de ses découvertes, quel bonheur !