Voici les étapes et les points importants à garder en tête lorsque nous présentons un matériel ou une activité à un enfant. Il s'agit de l'approche montessorienne mais elle est bien sûr applicable, au moins en partie, à tous les gestes de la vie quotidienne que nous souhaitons lui montrer.
Tout d'abord, il y a deux questions à nous poser :
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Est-ce le bon moment pour l'enfant ? S'il est fatigué, énervé, s'il a faim ou soif, son attention sera courte et de mauvaise qualité. Or une présentation ne se fait en théorie qu'une seule fois...
Ce matériel correspond-il à son intérêt / son stade de développement / sa période sensible du moment ? Comme toujours, l'observation est la clé.
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Est-ce le bon moment pour moi ? Les présentations se font avec très peu de mots mais avec le sourire, de l'entrain et du plaisir. Travailler, c'est chouette et gai !
Avant la présentation :Nous allons chercher l'enfant en lui disant que nous avons un nouveau (ou joli, ou beau) travail à lui montrer. Il nous accompagne à l'endroit où le matériel est rangé (autant que possible, ce sera
sa place définitive), puis à celui où nous lui ferons la présentation.
A ce propos, il est vraiment intéressant que les présentations aient lieu toujours
au même endroit, sur un support lui aussi invariable : un tapis, toujours le même, ou une table sur laquelle nous disposons un linge spécial, réservé à ces occasions.
Cela permet de ritualiser ces moments et d'obtenir ainsi plus rapidement la concentration de l'enfant.
Nous plaçons l'enfant
à notre gauche si nous sommes droitier(ère), à notre droite si nous sommes gaucher(ère).
En Montessori, le travail des deux mains est important et systématique, car l'objectif est le développement harmonieux du corps, indépendamment de la latéralisation.
Cependant, ainsi placé, l'enfant voit mieux les gestes effectués par
notre main dominante.
Pendant la présentation :Evidemment, chaque matériel et donc chaque présentation est unique, mais voici quelques points-clés.
L'enfant absorbe nos gestes dans son inconscient. Ce qui signifie que chacun d'entre eux doit être mesuré, lent, précis. La somme de nos mouvements constitue la façon minimale et suffisante d'effectuer l'activité.
Les mots ne se substituent jamais aux gestes. La parole est inutile et parasite l'attention de l'enfant, le silence est bien supérieur. Encore une fois, ce sont nos gestes que l'enfant absorbe.
Nous recherchons toujours
la fluidité dans le mouvement. Nous sommes donc amenés à utiliser alternativement nos deux mains, en respectant la simplicité et la logique du geste (amener un objet de la gauche vers la droite avec la main gauche, par exemple).
Nos mains ne travaillent jamais ensemble, et ne se croisent pas, sauf nécessité (pour effectuer un noeud ou croiser des liens par exemple).
La main qui ne travaille pas est immobile, posée sur la table ou sur nos genoux.
Par défaut (si nous avons le choix), nous effectuons nos mouvements
de la gauche vers la droite et du haut vers le bas, sens de l'écriture et de la lecture en langue française. L'enfant absorbe cela inconsciemment, prend l'habitude de travailler ainsi, se préparant indirectement pour ses futurs apprentissages.
Pour la même raison, les petits éléments (graines, boutons de préhension des cylindres, etc.) sont attrapés avec
la pince P.I.M. (Pouce Index Majeur), celle qui tient le crayon.
Les mouvements circulaires sont effectués
dans le sens inverse des aiguilles d'une montre (celui du "a" et du "o" en écriture cursive).
Au cours de la présentation, lors d'une étape-clé, nous pouvons faire remarquer à l'enfant (de façon naturelle et "spontanée") : "c'est beau, hein ?!"
Lorsque notre présentation est terminée, nous passons le matériel à l'enfant en lui disant : "à toi".
Notons que, pendant la phase où l'adulte travaille, le matériel est disposé devant lui, SAUF si l'aide de l'enfant est requise à un moment ou à un autre (il est alors placé d'emblée devant l'enfant).
A ce stade, l'enfant va essayer à son tour. Nous ne le laissons pas "se perdre" face aux éventuelles difficultés qu'il rencontre. Il s'entraînera lors de son temps de travail personnel. D'ailleurs nous le lui disons : "tu t'entraîneras."
Le temps de présentation est bien particulier, et
limité.
Une autre règle générale est que chacun range ce qu'il a "dérangé". Il est toutefois possible d'aider l'enfant à l'issue de son temps de travail actif, car le matériel doit retourner à l'étagère.
Après la présentation :Nous demandons à l'enfant de nous accompagner jusqu'à l'endroit où est rangée l'activité, et nous lui rappelons qu'il pourra la reprendre quand il le souhaite.
Si l'enfant "décroche" pendant la présentation :A priori, il y a deux causes possibles.
- Ce n'était pas le bon moment pour lui, Cf. le premier point de ce billet.
Dans ce cas, nous n'avons d'autre choix que d'ajourner la présentation, en lui expliquant que nous nous sommes trompés. Le matériel est placé hors de sa portée (sauf bien sûr s'il sert à d'autres) car il ne peut l'utiliser tant qu'il n'en a pas eu la présentation complète.
Nous la referons quelque temps plus tard, dans son intégralité.
- La présentation est trop longue.
Nous pouvons alors choisir de la réaliser par étapes, en gardant à l'esprit que cela doit rester exceptionnel. La pédagogie Montessori, prenant en considération les capacités de l'enfant, prévoit que les temps de présentation du matériel s'allongent progressivement. A partir d'un certain âge, ou degré de normalisation, nous pouvons attendre de l'enfant une attention de qualité, même sur des présentations un peu longues.
Travaillez bien ! ;-)