10 septembre 2010

Perfection, pression... culpabilité

Ces derniers temps, le sujet de la culpabilité revient souvent dans mes conversations avec les mamans de mon entourage.
J'ai envie d’en parler car je pense que ce sentiment est, chez nous les mères, à la fois extrêmement répandu et particulièrement toxique pour nos relations, en premier lieu avec nos enfants.

Bien sûr, la société est par essence culpabilisante avec nous. Allaiter ou non, travailler ou non, fusionner ou non, laisser pleurer son bébé ou non… il y a toujours, de toute façon, quelque chose que nous faisons mal.
A une amie qui évoquait le fait que son fils de 3 ans passés demande toujours une couche pour faire caca, il a été répondu que "ne pas vouloir lâcher son caca, c'est de l'insécurité en rapport avec la mère". Voilà ! La messe est dite, et la mère forcément coupable.

Pour ma part, je m'affranchis assez facilement - il me semble - des normes que la société voudrait nous imposer, ce qui m'a permis de faire des choix que d'aucuns jugent marginaux (allaitement long, cododo, pas de punition, par exemple).
Cependant, je ne me leurre pas du tout sur le pouvoir hautement culpabilisant de cet autre fléau : ma propre image de la mère idéale, qui tient à mon vécu d'enfant, de femme, de mère...
De nature perfectionniste, je dois faire un énorme travail sur moi-même pour ne pas me mettre une pression constante, pour accepter que mal faire, parfois, est juste humain et pas fondamentalement grave.

Ainsi lorsque je gère mal une situation avec les enfants - lorsque je crie par exemple - j’en souffre beaucoup sur le moment (et je m’en excuse toujours auprès d’eux) mais j’essaye de ne pas trop ressasser, de passer rapidement à une phase de recul et de recherche de solutions.

En effet, le premier problème avec la culpabilité, c’est qu’elle nous "bouffe" une énergie que nous aurions bien meilleur profit à utiliser pour nous remettre en question de manière positive et constructive.
La culpabilité est sclérosante, elle nous empêche d'avancer en nous tirant toujours vers le bas.
Car paradoxalement, vivre le meilleur de nos capacités passe par le fait d'accepter que nous faisons avec ce que nous sommes, avec ce que nous savons et avec les moyens que nous avons, à un moment donné.
Devenir capable de cette indulgence envers nous-mêmes, c’est gagner une forme de légèreté, de liberté, et finalement de paix.

Montrer nos faiblesses à nos enfants (mais pas seulement : les assumer et porter un regard bienveillant sur elles, avant de chercher éventuellement à les dépasser), c’est leur offrir le droit de grandir en acceptant pleinement les leurs, et de se construire dans un profond respect d’eux-mêmes.

La culpabilité découle donc directement de la pression que nous mettons sur nos épaules, et de notre fantasme de perfection en tant que mère.
Or ce fantasme, s'il nous éloigne trop de ce que nous sommes et de ce que nous souhaitons profondément, peut facilement nous amener (inconsciemment ou non) à une exigence de perfection pour nos enfants eux-mêmes, ce qui est un autre problème.
D’une mère à son enfant, les remarques du style "après tout ce que j'ai fait pour toi !" me glacent le sang... Epargnons-nous, épargnons-leur de les penser un jour.

Il y a de toute façon une part d'humilité nécessaire, je trouve, dans le fait d'accepter que nos enfants vivent et grandissent pour eux-mêmes, que nous sommes leurs accompagnants, au mieux leurs guides, et que leurs erreurs seront... simplement les leurs !

En conclusion, voilà ce que je constate : parmi mes amies, les plus épanouies sont celles qui assument le plus leur situation (qu'elles allaitent ou pas, qu'elles travaillent ou pas...) et qui traitent leurs imperfections avec humour.
Et inutile de préciser que tous leurs enfants vont très bien !

Alors, répétez toutes après moi : Chouette ! Je suis imparfaite !!

8 commentaires:

  1. Effectivement, la société véhicule des normes. Il y aura toujours quelqu'un qui aura quelque chose à redire à l'éducation que nous donnons à nos enfants.
    Et les gens puisent leurs réflexions désobligeantes dans ces normes. Est-ce de la jalousie,de la culpabilité par rapport à l'éducation qu'ils ont donné à leurs enfants ? Je ne sais pas... mais parfois, ces réflexions font mal, entraînent des remises en questions (qui ne sont pas forcément utiles mais plutôt futiles) et au final, nous déstabilisent.
    Croyons en la mère que nous sommes et répétons-nous : "Chouette! Je suis imparfaite !!"
    Merci pour ces paroles tellement vraies.

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  2. Ton article me parle particulièrement car je suis en plein questionnement par rapport à tout ça. Je veux un type d'éducation pour mon fils mais dans la pratique, ça ne marche pas toujours et je culpabilise, le mot est lâché... Idem par rapport aux supers blogs que je lis par-ci, par-là... Bref, merci pour ton article, c'est une bouffée d'air frais!

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  3. Merci pour cette pointe de fraicheur et d'humour :)

    En ne culpabilisant pas d'être ce que nous sommes, nous permettons à nos enfants de s'accepter eux... quel joli cadeau !

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  4. MéL : Je pense comme toi que la réaction des gens est souvent en relation avec leur propre culpabilité, elle-même étant liée à leur histoire. L'éducation est un sujet qui nous touche tous tellement profondément... Il nous ramène au passé (notre propre enfance) et nous projette dans l'avenir (le devenir de nos enfants).
    Parfois, les réactions les plus virulentes sont le fait de personnes qui subissent (ou ont subi) une pression très forte sur le sujet, sans parvenir à s'en protéger ni à s'en détacher. Ces personnes peuvent en souffrir beaucoup, même sans en avoir pleinement conscience... Leurs "attaques" ne sont alors rien d'autre qu'un mécanisme de défense face à une remise en question qui serait trop douloureuse pour eux. Apprenons à nous protéger de ces attaques et, si cela nous est possible, à éprouver de l'empathie pour les gens qui les formulent...
    Je pense aussi que les meilleures "armes" de défense sont le calme et la confiance en soi. Je m'y emploie, c'est difficile, mais ça marche. ;-)

    Laure : J'ai lu ton dernier billet, je le trouve pertinent.
    Boulimique de lectures et d'informations, il m'est parfois nécessaire de m'en détacher totalement pour reprendre pied dans la "vraie" vie. Etre au côté de mes enfants, les observer sans forcément chercher à analyser tous leurs comportements, essayer d'être juste et sincère dans mes réactions, et "simplement" prendre du plaisir avec eux !
    La théorie m'est nécessaire, mes lectures m'ont énormément apporté (en terme d'ouverture, de nourriture pour ma réflexion), mais la vie est toujours infiniment plus complexe, compliquée et... intéressante. ;-)
    Concernant les blogs et leur contenu, je crois qu'il convient de prendre beaucoup de recul.
    Je vais te parler de mon petit cas personnel... Ce que je recherche à travers ce blog, c'est clairement une valorisation, et sans aucun doute une reconnaissance. C'est pourquoi j'y consigne ce que je pense "bien" faire avec mes enfants.
    Hier matin, j'ai du réveiller Alexandre car j'avais un rendez-vous. J'ai ensuite passé l'après-midi à essayer de le rendormir, en vain. Il était mal, moi aussi, d'autant que je n'ai rien pu entreprendre d'intéressant avec Emma pendant tout ce temps. Eh bien, tu vois, ce n'est pas sur ce genre de journée que je vais écrire un billet... :-)
    Je ne doute pas une seconde que toutes les mamans blogueuses connaissent des moments difficiles, de découragement et de doute. ;-)

    Agnès : Je me remémore souvent ta phrase "Un enfant a besoin d'un parent sur ses deux pieds". Elle est si juste ! :-)

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  5. aude, je trouve ce post absolument parfait!!! bravo pour avoir écrit tout ce que j'essaye de dire si maladroitement...Le maternage ne devrait pas s’accommoder de culpabilité justement parce que comme tu le dis si bien ce sentiment EST toxique ;)

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  6. Nanis, merci mille fois pour ces gentilles paroles. Tu fais partie (et en première ligne !) des mamans qui m'ont beaucoup fait réfléchir sur ce sujet, et finalement énormément aidée. :-)

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  7. Merci, merci et juste MERCI !!!

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